Mon histoire : 2 césas puis une voie basse

Accueillir la lumière

Tout d’abord, je souhaite préciser avant que tu commences cette lecture que les choix et décisions que j’ai pris lors de mon parcours sont propres à moi, mon caractère, mon histoire de vie.
En aucun cas, ils ne sont un exemple à suivre.
Tu sais ce qui est le mieux pour toi.


Pour poser le contexte, je vais d’abord te raconter les naissances de mes deux premiers fils avec leurs circonstances.


Le 4 avril 2015, mon premier fils Tiago est né à 40sa+2 par césarienne en urgence code vert, à Mont de Marsan (40).
Les raisons sur mon dossier médical : stagnation du col à 5 pendant 5 heures et disproportion foeto-pelvienne.
Durant la grossesse, j’étais la femme la plus heureuse au monde. Tout se passait très bien.
Il y a juste sur la fin où une peur a surgit : celle d’accoucher seule chez moi.
Il faut savoir que j’habitais à la campagne, à une demi-heure de la maternité, que je ne connaissais pas mes voisins, que je n’avais ni famille ni amis dans la région et que j’avais comme idée que le seul endroit pour accoucher c’était : la maternité.
J’avais peur de ne pas reconnaitre les contractions, de ne pas ressentir que « ça y est c’est le moment ». Ceci fait écho à ma propre naissance où ma mère est arrivée à la maternité pour un examen de contrôle à date du terme et que 45 minutes plus tard, je suis née seule sans qu’elle ne pousse.


Le travail de latence avait commencé, je suis allée à la maternité (où j’ai été très mal accueillie et commencé à subir des violences obstétricales et verbales) en leur disant que je n’avais pas de contractions (au monitoring oui donc ça renforçait ce sentiment de  » Ne pas savoir ») et ils ont décidé que j’accoucherai le soir même.
A partir de là, la cascade d’intervention a commencé : morphine, péridurale, percer la poche des eaux, syntocinon… Et donc position allongée… Stagnation du col… Et donc inévitablement : césarienne.
Pendant tout ce temps mon bébé n’a eu aucune anomalie du coeur et moi pas de fièvre ou autre. Nous allions très bien.
Au bloc, j’étais partie de mon corps. Je n’ai pas accouché. Longtemps après j’ai eu ce sentiment qu’on a pris un bébé dans un placard à côté et qu’on me l’a donné en me disant que c’était le mien.
Ensuite, j’ai pu le voir un peu et l’avoir un peu contre moi mais je ne le reconnaissais pas comme « mon » Bébé.
En salle de réveil nous avons été séparés au moins 2h30. C’est son papa qui faisait le peau à peau avec lui.
Au retour en chambre, j’ai pris ce bébé en peau à peau, j’ai voulu le faire téter au sein et c’était le début de mon échec pour l’allaitement. Mais ça c’est une autre histoire.


Le 4 avril 2015, a été le début de ma dépression post partum qui a duré 5 ans.
Dès le lendemain, j’ai dit à mon mari qu’on n’aurait plus d’enfant, que je ne voulais pas revivre ça.
5 ans où je n’arrivais pas à ressentir de l’amour pour mon fils.
5 ans où je culpabilisais…
5 ans où je m’étais perdue et que personne, excepté mon mari, ne voyait ou ne voulait voir cette situation.


Et puis, une opportunité professionnelle s’est présentée à mon mari avec une mutation à Toulouse (31).
C’est en déménageant de ville et de région que le désir de bébé 2 est apparu, 3 ans après la naissance de Tiago.
Je tombe enceinte en janvier 2019 dans une ville où je ne me sens pas chez moi, un contexte professionnel stressant.
Je décide de faire mon suivi de grossesse à la clinique Ambroise Paré et je tombe sur un gyneco-obstetricien très à l’écoute et avec une ouverture d’esprit.
Dès le premier rendez-vous, je lui demande si je pourrai accoucher par voie basse.
Question qui l’a étonnée mais l’a interpellée sur l’importance pour moi de ce désir.
Il me demande la raison de la césarienne précédente qui pour lui n’avait pas raison d’être et m’encourage à ne pas prendre la péridurale, à rencontrer la sage-femme cadre du service des naissances (qui prendra 2h de son temps pour connaitre mon histoire et me faire visiter la salle nature : oui oui j’ai le droit à la salle nature pour un avac).
En post partum à Mont de Marsan, la gynéco me disait que j’aurai forcément d’autres césariennes car mon bassin était étroit.
Les rendez-vous de suivi se passe bien. Bébé 2 va très bien. On choisit de découvrir le sexe de bébé à la naissance.
Et tournant dans notre vie qui n’était pas prévu, nouvelle mutation professionnelle de mon mari mais cette fois on ne sait pas où, ni quand.
Donc à 7 mois et demi de grossesse, je déménage avec mon grand dans la ville où j’ai grandi, près de mes parents : Tours (37). Mon mari s’arrange pour prendre des congés deux semaines avant la date du terme car il est toujours à Toulouse. Arrivée à Tours, je choisis la maternité de Bretonneau. Dès le premier rendez-vous, on ne fait que me parler de rupture utérine, des risques, qu’il faudra la péridurale pour « au cas où », qu’il faut l’accord d’un gyneco pour la voie basse… Comment ça il faut l’accord ? L’accord, je l’ai depuis le début de la grossesse !!! Il faut faire des échos supplémentaires, des prises de sang supplémentaires… Je rentre dans un tourbillon de stress. Bébé est encore très haut. Je fais de l’acupuncture, je marche, je vais nager à la piscine… Et puis, le 5 octobre vers 9h je commence à avoir des contractions, je prends un bain, on va marcher… Vers midi ça s’intensifie. On est chez ma mère car on a eu une coupure d’électricité. Elle ne veut pas que je m’asseye sur son canapé de peur que je perde les eaux. Elle me voit avoir mal et pense que bébé va bientôt arriver. Je sens son stress et donc à 14h mon mari et moi on arrive à la maternité. Je gère plutôt bien lors du monitoring de contrôle. Je suis assise, j’ai refusé catégoriquement d’être allongée. Mon mari a mis la musique relaxante. Monito : impeccable, on me propose d’aller dans la baignoire. Je n’en ressens pas le besoin mais je dis oui de peur qu’elle ne soit pas disponible après. Bon ce n’est pas hyper confortable mais je réussis à m’allonger sur le dos, toujours à écouter la musique et avec mon mari on parle. Au bout d’un moment, peut-être une heure je ne sais pas, je sens que j’ai envie d’en sortir. La sage-femme arrive au même moment et me demande de sortir pour m’examiner le col. On part dans une petite chambre. Elle m’examine, mon col est ouvert à 2. Bébé est très haut, il n’appuie pas sur le col. Je suis déçue de n’être qu’à 2 surtout que les contractions s’intensifient.
On me propose le ballon, je m’assois dessus et mais j’y suis hyper inconfortable. Je fais des allers-retours aux toilettes et à la douche. Il y a des barres auxquelles je m’accroche pendant les contractions. Je fais que sonner car je stresse, je ne sais pas comment gérer. Mon mari ne sait pas comment m’aider, je vois qu’il se sent impuissant tout autant que moi. A un moment, une dame arrive et m’engueule parce que je suis nue et que je devrai porter la blouse. J’obéis mais 5 minutes plus tard je ne l’ai déjà plus car il n’y a que sous l’eau chaude que j’arrive le mieux à passer les contractions.
Personne n’est là pour m’aider à me détendre, pour me rassurer.
Nous sommes là : mon mari, mon bébé et moi tous ensemble, perdus, démunis face à ce stress qui a pris le dessus.
Je demande la péridurale. Mon mari n’est pas d’accord. Je lui dis que j’en peux plus, que je n’arriverai pas jusqu’à 10 comme ça, que je ne le prends pas comme un échec.
La sage-femme me dit qu’il faut être minimum à 3 et que je suis qu’à 2.
Elle revient 40 minutes plus tard et me réexamine, je suis à 3, sauf que l’anesthésiste est occupé sur une césarienne donc il faut que j’attende.
Elle m’emmène en salle de naissance et j’attends.
Sans que je m’en rende compte, mes contractions se sont atténuées, elles attendent elles aussi…
Et donc péridurale le soir… Du syntocinon dans la nuit que bébé ne supporte pas donc ils arrêtent. Mais je ne sais pas qu’on m’en met, je le saurai plus tard en lisant mon dossier que j’ai demandé comme beaucoup d’infos décrites dans ce récit.
Nous arrivons au matin, changement d’équipe. Sans que je le sache encore une fois, on me remet du syntocinon, coeur du bébé qui décélère. On m’annonce une césarienne que je refuse mais on ne m’écoute pas. Et je me résous car on me fait culpabiliser que c’est pour le bien de mon bébé et de toute façon je suis un utérus cicatriciel donc je n’ai pas le choix…
On part au bloc au bout de je ne sais combien de temps…
En attendant je pose un milliard de question tellement je suis stressée.
Mon col est ouvert à 8 à la contraction, j’ai été plus loin que la dernière fois.
Au dernier moment, on me dit qu’on peut baisser le champ pour que je vois mais n’étant pas préparée à ça et avec la peur de ce que je pourrai y voir je refuse.
On me demande de pousser pour sortir mon bébé, ce que je fais avec plaisir car je me sens actrice.
Deux poussées et bébé est né à 40sa+1.
On me l’emmène contre mon visage. Je le vois et tombe en amour de lui, je le sens, je l’embrasse.
On attendra un peu avant de connaitre son sexe et découvrir que c’est un petit garçon que nous appellerons Mathéo.
Peau à peau et tétée d’accueil en salle de réveil. Et pour l’histoire de l’allaitement que je ne raconterai pas en détails : bébé à tété au sein durant 3 semaines, les crevasses et la fatigue ont eu raison de cet allaitement.


Suite à cela, j’ai ce sentiment d’avoir raté quelque chose, de ne pas avoir accouché encore une fois. Pourquoi mon corps n’est pas capable ?
Pourquoi mon col s’ouvre si lentement ?
J’ai tellement envie d’avoir un autre bébé pour vivre un accouchement voie basse.
De toute façon, avec mon mari quand on a eu bébé 2 dans les bras on savait que notre famille s’agrandirait encore.
Lorsque je vois la sage-femme pour la rééducation du périnée je suis en pleurs à chaque fois car je lui parle de mon envie d’accouchement voie basse et qu’elle est catégorique que pour un 3e ce sera une césarienne programmée à 39 semaines d’aménorrhées. Elle me donne les coordonnées de la psychologue de la maternité que je verrai qu’une seule fois car elle essayait de me faire voir les choses autrement et occulter mes émotions.
La sage-femme me donne aussi les coordonnées d’une ostéopathe : Valérie.
Et là, c’est le début d’un cheminement.
Je lui raconte mon histoire et comme j’ai confiance en elle tout de suite, je lui parle de mon besoin d’accoucher par voie basse.
Elle prend soin d’accueillir mes émotions, on commence un travail avec la cicatrice, des mémoires cellulaires…
Elle me dirige en complémentarité vers une praticienne en hypnose : Nathanaëlle, qui comprends tout de suite mes traumatismes et me prends sous son aile comme une maman protectrice.
Plusieurs séances sont nécessaires mais à chaque fois, je me libère un peu plus.
Elle pratique aussi les soins énergétiques.


Après avoir décortiquée les naissances de mes fils et être renseignée sur la physiologie de la naissance ainsi que sur les conséquences des interventions, j’ai compris que mon corps n’était pas « incapable ».


Un jour, j’ai écrit ce texte :
 » C’est mon histoire… Et c’est comme ça.
J’ai été brisée, j’ai été coupée. J’ai été traumatisée. Le 4 avril 2015, je me suis abandonnée entre leurs mains, je me suis trahie, je me suis abandonnée. Je suis partie. Je suis partie mourir. Je n’étais pas là pour t’accueillir mon fils. J’étais sous le choc. J’étais perdue. Et je n’ai pas réussi. Je n’ai pas réussi à t’enfanter. Je n’ai pas réussi à renaitre femme. Je n’ai pas réussi à naitre mère.
Chaque jour qui se sont écoulés, j’étais absente. J’étais morte car aucune force pour revivre. Ils m’ont drogué, puis ont décidé, puis m’ont coupé, puis t’ont arraché de mon ventre et t’ont séparé de moi…
Et les jours ont passé… Et c’était difficile… Si difficile pour nous deux.
Pour papa aussi. Il nous a apporté tellement d’amour. Merci papa pour nous avoir aidé à avancer. Merci papa d’avoir apaisé nos coeurs et séché nos larmes.
On m’a proposé d’emprunter le chemin de guérison. J’ai marché dessus. A petits pas au début. J’ai rencontré mes bonnes fées. Elles m’ont aidé à accélérer le pas. Merci mes soeurs de m’avoir tendu la main. Merci mes soeurs pour m’apporter de la lumière, pour me ramener à la Vie. Gratitude à la sororité. Je continue sur ce chemin dans ce but de guérison.
Aujourd’hui, 5 ans, presque 5 ans et demi après ce traumatisme, je réalise que je ne parviendrai jamais à la guérison.
Par contre, je gagne beaucoup plus. Je grandis. J’ai grandi, j’ai appris. Maintenant, je me respecte et je n’autorise plus personne à ne pas me respecter. Je me fais confiance. Je lâche prise et je fais confiance à l’Univers. J’ai encore du travail à faire, je le sais.
Je suis portée d’une mission qui s’ouvre à moi. Bientôt, même si j’ai déjà commencé, je porterai cette mission. Femmes, Mères, vous avez un pouvoir, votre pouvoir. Gardez-le précieusement. Laissez-le se révéler à vous. Empêchez quiconque de vous le voler sous prétexte que cette personne a besoin de pouvoir. Pour cela, informez-vous par vous-même.
Aujourd’hui, je décide de marcher sur mon chemin, celui qui me fait grandir.
Parce que c’est mon histoire, et c’est comme ça. »


Quand Mathéo a 9 mois, avec mon mari on aimerait tellement concevoir notre bébé 3 mais on se souvient du précieux conseil de Valérie d’attendre que la cicatrice ait 2 ans.
Durant ces deux ans, j’entame également un travail en psycho généalogie où je comprends dans ma lignée maternelle ce « problème » de faire naître les garçons. Chaque femme à sa façon : fausses couches, surement décès en couche pour au moins l’une des femmes où on ne trouve pas d’infos, césariennes pour moi etc…
Je fais quelques séances de shiatsu également.


Je prends rendez-vous avec plusieurs sage-femmes pour trouver celle qui me suivra dans mon projet : aucune n’accepte.
Alors tant pis, j’arrête de chercher.


Je suis sûre qu’un jour, quelque part dans le monde, au moins une femme a déjà accouché par voie basse après deux césariennes alors je cherche un groupe sur facebook. Je trouve celui AV-AC et quelle surprise de lire tant de récits de femmes qui l’ont fait !
Je tombe même sur le témoignage d’une femme, Perrine, qui a donné naissance par voie basse après 3 césariennes et en plus elle est de ma région.
Je la contacte et lui demande si on peut se rencontrer.
Waw quelle femme merveilleuse ! Elle m’impressionne et me donne tant d’espoir ! C’est la femme qui change tellement de choses dans ma vie.


Nous regardons le film documentaire de Nina Narre « Faut pas pousser ».
Mon mari se rend compte de ce que l’on a vécu et que ce n’est pas normal.
Pour lui, il faudra contacter la seule sage-femme de la région pour un accouchement à domicile.
Nous sommes d’accord que l’on va se préparer à un accouchement à domicile. Pour lui avec sage-femme c’est plus sécurisant mais si elle refuse, on fera sans.


Dans tous mes rêves, il y a toujours une femme à mes côtés lorsque je donne naissance à mon bébé.


Et puis ça y est, ma cicatrice a 2 ans !
Je suis prête, on est prêt pour se lancer dans ce voyage que l’on sait déjà tumultueux.


Les premiers mois : rien.


Puis, avec mon mari, on profite d’une soirée qu’à deux pour allumer une bougie et faire un rituel pour poser nos intentions à cette âme qui nous rejoindra.


Début avril 2022, je participe aux journées de la paramanadoula avec Michel Odent et Liliana Lammers. J’en ressors plein d’ocytocine, d’infos sur la physiologie et comprends à quel point le respect de la physiologie est primordial lors d’un enfantement.


En avril 2022, je sens mon ovulation et je sens que cette fois ça y est mais trop tot pour faire un test de grossesse.


Fin avril 2022, je me rends aux journées AAD. Shoot d’ocytocine durant 3 jours. Des rencontres, des infos, des spectacles, des cercles…
Je sens au fond de moi que bébé est dans mon utérus mais je garde ce secret pour moi.
A la maison, mon mari Cédric me raconte qu’une photo de Tiago à la maternité posée sur un cadre tombe et qu’il y a vu comme signe que j’étais enceinte.
Cette photo n’est jamais tombée et c’était tellement improbable qu’elle tombe !


Le lendemain que je rentre, Cédric part en déplacement pour son travail.
Le 10 mai, je fais un test grossesse qui se révèle positif mais je garde ce secret pour moi. Je veux que ce soit Cédric qui soit au courant en premier mais je suis sûre que Tiago et Mathéo le savent déjà.
Mathéo me caresse le ventre et me dis que j’ai un bébé dans le ventre.


Pour me faire patienter, je décide d’écrire notre histoire d’amour et terminer par l’annonce de la grossesse.
Quelle immense joie pour notre famille lorsqu’il apprend la grossesse !


Ça y est, notre voyage a commencé et on va se laisser bercer par les vagues et traverser les tempêtes ensemble, nous rendant toujours plus forts.


Aux journées AAD, j’ai rencontré Marie pour qui j’ai eu un coup de coeur. Je savais que je la choisirai comme doula. Ou alors est-ce bébé qui l’a choisi ?
Elle est naturopathe aussi et nous avons fait une séance pour m’améliorer dans mon hygiène de vie.
Nous l’embarquons avec nous dans notre voyage, dans notre secret.


J’informe Perrine aussi que ça y est je suis enceinte ! Elle aussi est complice de notre projet.


Dès le début, il était clair que je ne m’inscrirai pas en maternité. Cette tempête là je ne la connaissais que trop bien et ce n’était pas le moment pour se battre contre un système ou défendre notre projet.
Connaissant ma vulnérabilité durant cette période, je savais que c’était perdu d’avance.


Je contacte assez rapidement la sage-femme AAD (Isabelle) qui accepte un premier rendez-vous. Je lui raconte mon histoire, elle est touchée.
Elle va lire mes deux dossiers médicaux que j’avais demandé il y a déjà un an.
Au deuxième rendez-vous, Cédric est avec moi et elle nous apprend que j’ai fait une pré rupture utérine lors de ma deuxième césarienne et me chuchote l’idée que c’est peut-être arrivé lorsque j’ai poussé pour sortir Mathéo. Elle ne fera pas le chemin avec nous.


Se pose pour nous la question de l’avortement. Je ne peux pas me résoudre à une césarienne programmée mais je ne peux pas non plus me mettre en danger.


Le lendemain, nous avons rendez-vous pour l’échographie et nous avons prévu d’emmener Tiago pour lui faire la surprise de voir le bébé.
Ce moment est tellement bizarre pour moi.
On voit ce bébé qui bouge tellement, il fait une pirouette sous nos yeux comme pour nous dire : je suis vivant, bien vivant ! Et je veux vivre !
A partir de ce moment-là c’est clair pour papa que l’avortement n’est plus une option mais il respectera si c’est mon choix.
Pour moi, c’est tellement plus compliqué. Je me laisse du temps.
Et je me renseigne sur ce terme « trait de refend vertical de 7cm ». D’après la sage-femme ça veut dire pré rupture utérine mais déjà je me dis ce n’est pas la cicatrice de césarienne qui a lâchée.
Je ne trouve pas beaucoup d’infos avec ce terme. Est-ce par ce qu’il ne fallait pas que j’en trouve ?
Je me confie à Perrine sur ce sujet, ces mots m’apaisent.
Nous nous voyons et elle nous dit que ce n’est pas parce que c’est arrivé une fois que ça recommencera. Je ne serai pas dans les mêmes conditions. Le contexte dans lequel j’ai eu cette pré rupture utérine : stress, péridurale, syntocinon et pousser sur un utérus ouvert.
Ah oui ! Parce que quand je refais le film de la naissance de Mathéo, ça ne peut être arrivé que quand j’ai poussé pour le sortir. Il n’y a eu aucun signe de pré rupture utérine tout au long. Il n’y a que quand la gynéco m’a dit « stop stop!  » lorsque j’ai poussé qui pourrait faire penser que c’est arrivé à ce moment-là.
Je sens ce petit être en moi qui m’envoie plein d’amour, il est évident que je ne peux que le garder. Je l’aime déjà.
Nous décidons d’accueillir notre bébé dans l’amour et la sécurité : à la maison.


Lors de l’échographie, la sage-femme m’a donné un papier pour la déclaration de grossesse car elle ne faisait pas avec la carte vitale directement. Selon sa machine, le début de grossesse était le 24 avril. Sauf que moi je savais que c’était impossible à cette date, je savais que c’était le 26 avril alors j’ai décidé de changer la date sur ce papier et reprendre mon pouvoir.
J’ai tardé jusqu’au dernier moment à faire le test de la trisomie 21. J’étais prête à ne pas faire ce test car je savais que bébé allait très bien mais Cédric a insisté alors je l’ai fait pour le rassurer. Cédric et moi sommes une équipe.
Il était important pour nous de faire les trois échographies et donc j’ai contacté Lucie qui est sage-femme libérale.
Marie m’a accompagné pour le premier rendez-vous, je ne voulais pas être seule, je ne savais pas quel serait son discours.
Au final, bonne surprise c’est elle qui me parle de l’AVA2C.


Les rendez-vous suivants étaient moins joyeux, je sentais une pression de sa part quant au fait qu’il fallait que je prenne rendez-vous à la maternité de Bretonneau pour avoir leur accord de la voie basse, quant au fait qu’elle voulait me programmer les 7 rendez-vous de préparation à la naissance…
J’avais des contractions les jours avant les rendez-vous avec elle et les jours qui suivaient alors je me suis dit stop, faut arrêter tout ça. Bébé m’envoyait des signes à travers mon corps.
J’ai senti que je ne pouvais pas parler du projet d’enfantement libre avec Lucie alors j’ai décidé avec Cédric que j’arrêtais le suivi médical. Il m’a même rassuré en me disant que je suis capable de savoir que tout va bien pour toi et que si je sens que quelque chose ne va pas, je pouvais toujours la rappeler pour un rendez-vous.
Il avait énormément confiance en mes capacités, il m’a énormément porté, comme un pilier sur lequel je pouvais me reposer.


Il y avait aussi Mélanie, en réflexologie, qui m’a accompagné pour soulager les maux de grossesse et m’encourager dans notre projet de naissance à la maison. Ses mots et sa présence tout au long de la grossesse étaient précieux pour moi et je pense pour bébé aussi car à chaque fois qu’il entendait sa voix, il se manifestait en bougeant.


C’est avec N. que j’ai choisi de vivre des moments hors du temps lors des massages prénatals et bébé en a bien profité aussi en se collant contre mon utérus pour recevoir également des massages.


Ma belle-soeur Jessie et ma maman ont aussi été d’un soutien sans faille tout le long de la grossesse. A mon écoute, à l’écoute de mes peurs, de mes inquiétudes, de mes questionnements…


Un jour, bébé m’a transmis l’idée de m’honorer et de rassembler ces femmes qui étaient présentes pour nous afin de célébrer ce passage que nous allions vivre ensemble.
Et donc le 22 décembre a eu lieu un moment magique de célébration.


Un projet m’animait : celui de créer avec mes soeurs doulas un collectif et c’est lors de ma première présence que j’ai appris que Laura assistait aux enfantements libres. Laura, je l’avais rencontré à la 3e journée AAD et son énergie qui brillait m’attirait sans savoir pourquoi.
J’en avais parlé à Marie de la contacter et qui a tout de suite trouver que c’était une bonne idée.
Sauf qu’à ce moment, j’étais très occupée par le centre, puis lors de ma 2e présence à la réunion des doulas, Karen (doula qui travaille avec Isabelle) me parle d’Isabelle, ce qui m’a déstabilisé mais très vite je savais que sa proposition ne me convenait pas. J’en ai parlé à ton papa pour qui ça ne convenait pas non plus. Ce n’était pas aligné avec ce que nous voulions vivre.
Donc, quand les projets au centre se sont calmés, je me suis laissée le temps de la réflexion de contacter Laura ou non. Puis, quand j’ai su
que c’est ce qu’il fallait que je fasse, j’en ai reparlé à Marie et encore une fois j’ai rêvé de ta naissance où une femme se tenait à mes côtés.
Le lendemain, je suis tombée sur le site internet de Laura et c’était clair que c’était un signe.
Lorsqu’à la deuxième réunion des doulas, Laura m’a parlé de ton placenta et qu’elle m’a dit « j’aimerais trop voir ton placenta », tu m’as soufflé qu’elle le verrait mais qu’il fallait garder cela secret entre nous pour le moment.
J’ai été honorée d’entrer dans le cocon de Laura pour la troisième réunion en sa présence et que mes soeurs doulas nous ont porté d’amour et de belles intentions. J’avais tellement envie de prendre Laura dans mes bras et qu’elle se connecte à toi mais je n’ai pas osé.


Maintenant, je vais vous raconter l’enfantement de mon 3e enfant qui a été pour moi une renaissance.


Cela faisait déjà plusieurs jours que je m’activais à la maison pour ranger et nettoyer. Un besoin plus fort que moi qui me procurait tant de plaisir à en voir le résultat.


Lors du réveillon pour le 1er de l’an, nous avons bien mangé, nous avons dansé, nous avons ri et fini par regarder un dessin animé pour patienter jusqu’à minuit et se souhaiter une bonne année.


Les grands reprennent l’école le mardi, ce qui me permet de me reposer un peu.


Le vendredi 6 janvier 2023, j’ai mon dernier rendez-vous en hypnose avec Nathanaëlle.
Le midi, Laura vient manger avec moi et nous avons prévu que l’après-midi elle me masse afin de créer un premier contact physique et que l’on soit à l’aise toutes les deux le jour J.
Lors du massage, je crois ressentir quelques petites contractions. J’ai vraiment profité de ce moment entre elle, moi et bébé.
Lorsque vient le moment de partir pour elle, je lui fais part : « je crois que j’ai des petites contractions mais je ne suis pas sûre ». Elle me répond : « c’est normal, tu as eu de l’ocytocine ».
On se dit à bientôt, ne pensant pas se revoir vite.
Quelle belle journée d’ocytocine ce jour-là !


Dans la nuit à minuit onze, c’est la Pleine Lune.


A 3h15, je me réveille en sursaut avec une violente contraction.
S’enchaîne une deuxième à 3h17, puis une troisième à 3h18 ou 3h19.
Au début je ne comprends pas que ce sont des contractions.
Je me mets à 4 pattes dans le lit et je vocalise.
Je ne voulais pas réveiller Cédric mais trop tard, il est réveillé et en alerte. Il comprend que ça y est, c’est parti !
Et du coup, je comprends moi aussi que ça y est c’est le moment.
Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si intense d’un coup, je pensais que ça monterait crescendo mais j’ai l’impression que quand je dormais j’ai eu des contractions mais qu’elles ne m’ont pas réveillées.


J’allume la petite guirlande lumineuse pour ne pas être dans le noir total mais pour pas que non plus il y ait trop de lumière.
Je commence mes aller-retours aux toilettes.
Je dis à Cédric d’appeler ma mère pour qu’elle vienne chercher les enfants. Ils dorment mais je préfère qu’on n’ait pas ça à gérer après.
Lorsque mon plus grand se réveille, il veut prendre son petit déjeuner et mon deuxième demande tout de suite si le bébé est né.
C’est mon père qui vient les chercher. Je leur fais un bisou entre deux contractions avant qu’ils ne partent.
Je retourne à mes allers-retours aux toilettes. Je choisis ma chambre pour traverser les vagues, c’est là que je me sens bien.
Cédric a mis le chauffage. J’ai froid, j’ai chaud. Je mets mon gilet, je le réenlève.
Il met également la musique que j’ai choisi : celle que N. mettait lors des massages pendant la grossesse. J’adore cette musique qui berce mon âme et mon corps.
Je lui dis : « ce n’est pas comme dans mon récit de naissance idéal ».
J’avais écrit mon récit de naissance idéal pour m’aider à visualiser mon enfantement et le partager à Laura afin qu’elle puisse se projeter sur mes envies et mes besoins.
Rapidement, je dis à Cédric : « c’est intense, plus fort que pour Mathéo. Dis à Laura que j’ai des douleurs de règles mais en plus fort. »
Très vite, je m’assois sur mon ballon, c’est comme ça que je réussis à traverser les vagues. Elles sont d’intensités différentes, de fréquences différentes. Des petites pauses entre puis des plus longues. Ce sera comme cela tout le long de l’enfantement.
Le temps de débrancher le néocortex tranquillement, j’ai du mal à me laisser embarquer. Je dis à Cédric que j’ai besoin que Laura vienne. Je tremble après chaque contraction. Cédric s’inquiète alors en fait part à Laura qui lui explique que c’est en lien avec les césariennes précédentes, le corps se rappelle. Il me dit juste : « Laura dit que c’est normal, c’est parce que tu as eu des césariennes ». Le « c’est normal » me rassure, je me détends et au fur et à mesure je tremble moins jusqu’à ne plus trembler du tout, sans m’en rendre compte.
Je dis à Cédric de dire à Laura de venir. J’ai besoin qu’elle soit près de moi et qu’elle arrive avant que je sois complètement embarquée. Je ne veux pas prendre le risque que son arrivée me sorte de ma bulle. Je sais qu’il faut compter une heure avant qu’elle arrive donc je préfère qu’elle se mette en route dès maintenant.
Je dis à Cédric : « ça va aller vite ». Je le sens. Je me sens déjà avoir un pied dans mon embarquement.
Il y a certains moments où je suis partie très loin et dont je n’ai aucun souvenir. J’en suis heureuse car c’est un très bon signe.
Je sens Cédric près de moi, il n’est pas oppressant. Lorsqu’il s’éclipse pour ouvrir à Laura, son absence n’est que physique et ne me dérange pas. Il revient vite. Je sens Laura qui s’approche et s’arrête près de la porte. Je relève la tête et lui fais signe de la main de rentrer dans mon espace. Je suis soulagée qu’elle soit enfin là, près de moi. Maintenant tout est réuni, tout est parfait, je vais pouvoir me laisser emporter dans mon voyage.
J’ai quelques moments encore où je perds pied. Je me dis : « je traverse la vague », « j’accueille », « tout va bien », « ça y est, je le vis ! »
J’ai encore besoin de me vider à la selle mais je ne peux plus sortir de la chambre, il fait trop froid. J’aurai préféré finir de me vider avant que Laura n’arrive et puis maintenant que j’y suis, ça ne me dérange plus. Je vomis aussi après quelques contractions. Cédric me tend un seau. Laura me dit que c’est bon signe, ce sont mes sphincters qui s’ouvrent. Je suis heureuse et apaisée que mon corps sache faire. Je peux lui faire confiance et je lui fais confiance. Je pense à bien respirer lors des pauses à être le plus calme et détendue possible pour oxygéner mon bébé. En plus, je sens que les contractions suivantes sont plus faciles à vivre. On forme une belle équipe tous les deux.
A un moment, je suis à quatre pattes avec le haut du corps sur le ballon et les bras complètement relâchés, je traverse trois contractions assez intenses sans bouger d’un millimètre. Je ne laisse rien paraitre et je suis fière de moi. Je sais que ces contractions ont bien ouverts mon col.
Bon la quatrième, je me mets vite debout ! Celle-là, il faut du mouvement et de la verticalité pour la traverser.
Tout ce voyage c’est comme une danse dont je ne connais pas la chorégraphie mais je me laisse me guider par mon partenaire qu’est mon bébé.
Là, ça y est je suis plongée dans un autre monde. Je ne saurai vous raconter. Je sais que la présence de Laura et Cédric est primordiale pour moi. Ils savent être dans mon espace sacré sans être oppressant. Ils sont à mon écoute, à l’écoute du langage de mon corps. J’ai souvent les yeux fermés depuis le début mais mes sens sont en éveil comme si je voyais tout autour de moi. A aucun moment, je ne me suis sentie observée même lorsque je cherchais le regard de Laura. Sa douceur par sa présence, ses regards, ses touchers par des massages en bas de mon dos ou juste me prendre dans ses bras m’ont fait tellement de bien. Tout cela m’était nécessaire.
A un moment, la musique s’est éteinte toute seule. Cédric voulait la remettre mais finalement ce calme était doux.
Et puis, je sens que les choses changent comme un accéléré.
Je m’étire en m’accrochant au cou de Cédric et en me mettant sur la pointe des pieds. Cela sur quelques contractions. Et d’un coup, j’ai besoin de pousser, je ne peux pas m’en empêcher. C’est plus fort que moi.
Debout, je pousse mais j’ai « peur » que mon bébé tombe par terre. C’est la seule peur que j’aurai eu tout le long de mon enfantement.
Je me repositionne accroupie, le genou gauche par terre et je pousse.
Des pauses entre les poussées. Je ne sens plus les contractions mais seulement des besoins de pousser.
Je vais pousser longtemps. Je trouve que c’est très long, je ne pensais pas devoir pousser aussi longtemps. Je n’ai pas la notion du temps, ni d’horloge pour chronométrer mais je trouve que c’est long. J’en fais part à Laura en lui demandant si je ne pousse pas bien, comment je dois faire ?
Elle me dit que c’est parfait ce que je fais alors je continue.
Je ne sais plus quand mais je sais qu’à un moment j’ai fissuré la première couche de la poche des eaux. Quand je pousse, je sens que ça coule.
Je continue de pousser et je sens comme une boule arriver, je pense que c’est la tête de mon bébé à ce moment-là jusqu’à ce que : plaf ! ça explose sur Cédric. Laura n’a pas vu, elle était au salon à ce moment-là.
Donc je continue les poussées et je ne me questionne plus sur le fait que ce soit « long » car c’était « long » pour la poche des eaux.
Et puis, je ne sens pas mon bébé descendre. Laura me dit qu’elle voit mon sacrum se bomber. Elle appuie dessus avec ses mains puis une balle, ça me fait tellement de bien.
Malgré plusieurs poussées, je ne le sens pas descendre.
Je commence à avoir l’idée qu’il y a quelque chose qui bloque et qu’il faut partir à la maternité mais je ne veux pas entendre cette idée.
Laura me propose de faire pipi car j’ai bu de l’eau et ça fait longtemps que je n’ai pas uriné mais je n’y arrive pas. Elle pensait à ma vessie pleine qui pouvait bloquer.
Laura me propose de manger un peu de miel pour avoir des forces, j’en mange sur le bout des lèvres, c’est trop sucré.
Je fatigue, j’essaie de m’allonger sur le côté sur mon lit pour reprendre des forces mais cette position est insupportable. J’aimerai dormir ne serait-ce que deux minutes pour récupérer mais c’est impossible.
Laura m’offre une boisson et me dit que ça va m’aider à reprendre de l’énergie même si je ne bois pas tout. Finalement, je bois tout en plusieurs étapes, c’est bon et je sens que ça me fait du bien.
Je continue de pousser, j’ai un peu de mal à respirer correctement. Laura et Cédric m’aide en me disant de respirer. Je sens que bébé n’avance pas et je fatigue.
C’est alors que mon oreille droite se bouche et je me dis : « je ne veux pas entendre » alors je dis à Cédric et Laura, il y a quelque chose qui bloque, que je ne sais pas quoi mais qu’il faut partir à la maternité.
Laura me dit que c’est plus sage. Cédric est d’accord avec cette décision.
Sur le moment, je ne regrette pas, c’est moi qui prends cette décision. Je sais m’écouter, je sais être sage et je suis résiliente.
Cédric part chercher la voiture. Laura m’aide à me rhabiller. Au fur et à mesure de l’enfantement, je me suis déshabillée jusqu’à être nue, sans pudeur devant Laura. J’avais besoin de libérer mon corps de vêtements qui me gênaient.
Je dis à Laura : « ce n’est pas grave que je parte à la maternité, je ne regrette rien et même si j’ai une césarienne. C’est trop beau tout ce que j’ai vécu jusque-là. »
Elle me répond avec toute sa douceur : « ce n’est pas fini, instant T par instant T, tout peut basculer d’un côté comme de l’autre à tout moment ». Elle a raison. Je n’y suis pas encore à la césarienne.
Et je continue de pousser, mon corps continue de pousser.
Cédric arrive. J’embrasse Laura et la remercie de tout mon coeur.
Nous profitons de descendre nos deux étages pendant que je n’ai pas d’envie de pousser. Arrivée en bas, je pousse encore. Je respire et nous montons dans la voiture. Cédric me demande si je m’attache. Ah non là je ne peux pas ! « Ne roule pas vite s’il te plait ! »
Nous arrivons au feu rouge, il s’arrête, je pousse, je respire. Je suis désorientée. Il tourne à droite et à quelques mètres nous arrivons à l’entrée de l’hôpital. Nous rentrons et nous nous dirigeons vers les
urgences maternité. Cédric arrête la voiture. Je commence à descendre. Le vigile sonne aux sage-femmes en disant « il y a une dame en train d’accoucher ». Je fais trois pas, je pousse. Il re sonne « c’est imminent ! ». Ça je m’en rappellerai longtemps et c’est la petite anecdote drôle de mon enfantement.
Je sens mon bébé qui est descendu, qui n’est plus bloqué. Serait-ce les secousses de la voiture ?
Deux dames arrivent, sûrement deux sage-femmes, elles me tendent un masque. Je leur dis que je ne peux pas mettre ça, je ne pourrai pas respirer. Elles m’obligent à le mettre mais très vite je le mets sur le menton car effectivement, j’ai besoin de respirer.
Cédric part garer la voiture.
Puis, la première chose que je leur dis : « je suis à dilatation complète ».
Et je pousse.
Une d’elle me répond : « on va vérifier ça, asseyez-vous sur le fauteuil roulant, faut qu’on fasse vite ».
Je n’ai pas envie mais elle m’assoit. Une partie de moi est toujours dans ma bulle, à vivre les choses de l’intérieur avec mon bébé. Une autre partie est à l’affût des dangers extérieurs. Mais, je n’ai pas la force de refuser ce fauteuil roulant alors nous voilà parties dans la petite salle pour m’examiner.
« C’est votre premier ? », question à laquelle je me contente de répondre juste « non, mon troisième ».
Là, je me mets debout et m’accoude contre la table, je pousse, je respire. Elles me demandent de monter sur la table, auquel je réponds que je ne peux pas. Une d’elle me rétorque : « ben si vous pouvez vu que vous parlez ». « Non madame, je ne peux pas, aidez-moi » (je ne suis pas sûre de l’avoir dit aussi poliment).
Une me retire mes chaussures et mon pantalon, l’autre m’attrape par le bras et je m’échoue sur cette table un peu trop haute pour moi.
Une insère ses doigts dans mon vagin après mon consentement et me dit que je suis ouverte à 10, qu’elle n’approfondit pas l’examen. On part en salle de naissance numéro 5 !
Arrivés dans la salle de naissance, on me demande de m’installer sur une autre table. Ok, mais je le fais toute seule et comme je l’entends : quand je suis prête et à quatre pattes.
Je m’échoue une deuxième fois sur le côté, le côté gauche. Et, je pousse. Mais je ne suis pas bien et je me mets sur l’autre côté.
Je continue de pousser. Cédric arrive à un moment mais je ne sais pas lequel.
Les sage-femmes sont en mode coaching avec moi. Mais ça n’avance pas plus que ça. Bébé remonte et ne se fixe pas.
Je n’ai pas d’appui pour mes pieds, rien à m’accrocher sauf le bras de la sage-femme qui se trouve à ma droite.
Et là, l’ambiance change. Le médecin rentre et me dit : « Bonjour, je suis Monsieur « … »., le médecin de garde, j’ai vu que vous n’êtes pas inscrite et que vous avez eu deux césariennes avant. Du coup, vous n’avez pas eu de rendez-vous avec l’anesthésiste et on a pas parlé des risques mais là on n’a pas le temps. » Mon cerveau enregistre ses phrases mais pas malin mon gars de me dire ça quand je suis en train de pousser alors je fais abstraction pour rester dans ma bulle. Je m’en fiche de ce qu’il peut penser ou dire. Je sais ce que je fais et je vais bien. Mon bébé aussi va bien, je le sens.
Les sage-femmes ne sont plus en mode coaching mais en mode petites souris à obéir au chat. Je le sens dans l’énergie de la pièce.
La sage-femme, me demande de me mettre sur le dos avec les jambes dans les étriers, j’accepte car je fatigue sur le côté et je sais que bébé n’avance pas. Je continue de pousser et j’ai du mal à reprendre ma respiration au fur et à mesure.
Le médecin s’approche de la sage-femme et lui demande où est le bébé.
Elle répond quelque chose et j’entends le mot « médian » qui signifie pour moi qu’il est engagé dans le bassin, ça confirme mon ressenti qu’il a descendu quand je suis arrivée à la maternité.
Là, le médecin me dit : « bon, soit il sort maintenant, soit on part au bloc ».
Et là, montée d’adrénaline, de puissance et je pousse de toutes mes forces. C’est maintenant ! Hors de question d’être si prêt du but de réaliser mon rêve et de renoncer. Je donne tout ce que j’ai !
Et Cédric qui me dit en même temps : « vas-y, tu peux le faire ! prouve-leur que tu l’auras pas cette césarienne, prouve-leur que tu es capable, je crois en toi ! » Quel boost d’énergie à ce moment-là ! Déterminée plus que jamais, je suis une lionne en puissance.
Le médecin voit que je n’ai pas de cathéter et ordonne qu’on m’en mette un. Il me demande si je fais des allergies à des médicaments. « Non ».
Je continue de pousser, la sage-femme me guide dans la poussée pour que je pousse plus longtemps et que quand j’ai plus d’air, j’en reprenne de suite et je repousse directement après. C’est dur mais je le fais, je donne tout ce que j’ai ! Je n’ai jamais été aussi ancrée et puissante qu’au moment d’enfanter mon bébé.
Elle me dit : « on voit les cheveux ». Cédric ne s’occupe pas des médecins, il prend sa place et va voir. Il me le confirme, ça m’encourage et en même temps, je n’ai confiance qu’en lui. Lui je peux le croire. Je suis tellement heureuse et fière de lui qu’il soit en pleine puissance lui aussi.
Et on continue, je continue de pousser. Cédric revient près de moi, je lui demande de me tenir la tête que je relève instinctivement quand je pousse. Elle est si lourde !
La sage-femme me guide pour pousser et respirer. J’avais besoin de cela à ce moment-là.
Elle me dit : « bébé avance ». Cédric va vérifier et me dit qu’il est presque là.
Avec ses doigts, elle finit de fléchir sa tête et me le dis. Je sais qu’il ne lui manquait pas beaucoup pour présenter son plus petit périmètre crânien.
Je continue de pousser de toute ma puissance. Je le fais !
Et là, bébé arrive pour le couronnement. Oh là là ! Je ne m’attendais pas à ça. J’ai l’impression qu’il va y rester longtemps et que je n’arrive pas à ce qu’il avance plus. Cette sensation, je m’en rappellerai et ce cri que j’ai poussé aussi : « ça brûûûûûle !!!! »
Heureusement, qu’une d’elle m’a versé de l’eau dessus pour apaiser.
La sage-femme m’a dit : « tant que bébé sera là, il vous fera mal alors faut y aller maintenant ! »
Ses paroles m’aident à passer le cap. Elle me dit même de continuer de pousser même s’il n’y a pas de contraction.
La tête sort, ça me soulage. Et je pars ailleurs, je pense que j’ai fermé les yeux. Je sens qu’elle tourne son corps, je pousse encore pour sortir les épaules je suppose et elle l’attrape pour me le poser sur moi. Je n’ai pas le souvenir visuel de cela mais seulement d’intuition, c’est difficile à expliquer. Je rouvre les yeux et serre mon bébé contre moi. Je le vois bleu/gris et je dis d’amour, de joie et de soulagement « mon bébé ! mon bébé ! mon bébé ! » On me dit qu’il a avalé du liquide amniotique et la dame à ma gauche le frictionne. Je lui dis qu’il faut le mettre sur le ventre car elle me l’a posé sur le côté, mais elle m’empêche de le faire. Et pourtant, mon instinct mammalien me dicte que c’est ce qu’il faut faire.
Lors des poussées, j’ai demandé à deux reprises à ce qu’ils attendent pour clamper le cordon mais Cédric me dira plus tard qu’il a été clampé et coupé très rapidement et avant la sortie du placenta.
Donc quelques minutes après la sortie de mon bébé, la sage-femme me demande de pousser pour le placenta. Ce que j’exécute.
J’ai bien vu un moment qu’une autre sage-femme a injecté le syntocinon dans le cathéter de ma main gauche. On ne m’a rien dit, ça aurait pu passer inaperçu mais étant informée sur le sujet, je sais que c’était ça.
Bon, le médecin a su s’effacer mais le revoilà. Il vient me voir et me dit : « maintenant, on va vous faire une anesthésie générale car vous n’avez pas de péridurale et il faut vérifier la cicatrice ».
Je lui réponds : « vous voulez faire une révision utérine c’est ça ? »
Il est un peu étonné et me répond que c’est ça. (Oui, je suis renseignée monsieur). Je lui fais part que je me sens bien mais il insiste. Je lui demande combien de temps ça va prendre et il me dit 5 minutes et votre bébé ira en peau à peau avec papa. Donc j’accepte, je ne suis pas en position de négocier. Je les ai déjà bousculé et avec Cédric on n’avait pas préparé les différentes éventualités de notre arrivée en maternité donc il ne peut pas « défendre » et demander à ce qu’on signe une décharge.
Je ne me sens pas m’endormir mais je me réveille. la sage-femme me pose des questions, je ne sais plus ce que je réponds mais je sais que je reste vague sur mon histoire.
Elle est en train de me recoudre. Je lui demande si j’ai déchiré, elle me dit oui. Je demande à combien de degré et me répond au premier degré.
Je suis frustrée d’être recousue en ayant déchirée qu’au premier degré mais qu’en plus quand je me réveille qu’elle ait presque finie donc sans mon consentement.
A ce moment-là, on ne connait toujours pas le sexe de notre bébé. Ils lui ont mit une couche pour que Cédric ne le découvre pas sans moi lors du peau à peau.
Ils reviennent. Je prends mon bébé contre moi en peau à peau et nous découvrons que c’est un petit garçon !
Nous lui avons choisi le doux prénom de Loan dont la signification est « la lumière ».


Troisième bébé né par voie basse à 38 semaines d’aménorrhées + 4 après deux césariennes et un cheminement personnel et profond.


Un immense merci à mon mari de m’aimer inconditionnellement et qui s’est autorisé à embarquer avec moi dans ce voyage transformateur pour moi mais aussi pour lui. Sans lui, je n’aurai pas pu réaliser mon plus grand rêve et me réaliser en tant que maman.


Je me sens forte, puissante, souveraine, en forme, pleine de confiance, magique, calme, super héroïne, et surtout maman et bonne maman pour mes trois enfants.
En écoutant « Femmes du monde de Joëlle Mellioret », j’ai écrit ce texte pour moi-même et que j’envoie à l’Univers :
« Je suis une Femme du Monde
Je suis une Femme Déesse
Je suis Femme Céleste
Je suis Femme Sauvage
Je suis Femme Sagesse
Je suis une Femme du Monde
Wimbalala wimbalala wimbalala yé
Je me suis autorisée à accéder à mon Âme.
Je me suis autorisée à m’accueillir.
Je me suis autorisée à être Libre.
Je me suis autorisée à être Souveraine.
Je me suis autorisée à m’aimer profondément.
Je me suis autorisée à offrir la Paix à mon coeur, mon esprit et mon corps.
Je me suis autorisée à être Puissante.
Je me suis autorisée à m’ouvrir.
Je me suis accomplie.
J’ai tant de Gratitude pour ma force intérieure et mon pouvoir de résilience révélés.
Je m’honore.
Chaque jour depuis ce 7 janvier 2023.
Plus rien n’est impossible


Merci à mes 3 enfants chacun pour leur histoire de naissance, à moi d’avoir parcouru tout ce chemin, à mon mari plus que parfait pour avoir été toujours à mes côtés et me porter de son Amour inconditionnel, à toutes les personnes qui font partie de mon village.


Et merci aussi à toutes ces personnes du personnel médical qui ne m’ont pas facilité dans mon parcours, sans eux je n’en serai jamais arrivée là.
Désormais, tout cela est plus grand que ma propre histoire, elle s’incarne dans la magie de l’Univers pour semer des graines sur un changement de la vision des naissances de notre espèce humaine pour les Femmes, pour les couples, pour les familles, pour les bébés et pour tous les accompagnants à la naissance. »


Et surtout merci à Loan qui a choisit sa naissance ainsi.
Sur la musique de « Mama Drum de Joëlle Mellioret » :
« Pour toi, mon fils de Lumière
« Ecoute le rythme de la Terre, écoute le coeur de ta Mère »
Tu es l’immanence de nos Vies et plus particulièrement la mienne.
J’ai tant de Gratitude pour ton Âme qui s’est incarnée dans mon utérus et qui nous a rejoint sur notre Terre par le canal sacré que je t’ai ouvert.
Je t’aime d’un Amour si puissant ma douceur ».


Je finis d’écrire ces mots à la veille de tes 1 mois parmi nous sur le chemin d’un allaitement qui ne coule pas de source mais que toi et moi nous ne voulons pas abandonner. Nous allons y arriver, rien ne nous est impossible avec tant d’amour.


Tu peux retrouver mon récit lu par ma doulamie Perrine dans son podcast où tu y trouveras d’autres récits d’enfantements incroyables !